Du choix du repas au choix de carrière, du choix des vêtements le matin au désir d’avoir des enfants, des activités à faire dans la fin de semaine à une décision médicale… la vie est ponctuée d’un enchaînement continu de choix à faire, de décisions à prendre. Parfois, le fait de faire un choix peut devenir déroutant, angoissant, insupportable!
Je marque une pause pour partager une réflexion personnelle que j’ai eue en voyage. Quand on visite d’autres pays, d’autres endroits de la planète, nous sommes confrontés à l’évidence que tous et toutes n’ont pas les mêmes possibilités. Je revois ce jeune pêcheur avec qui on prend le temps de discuter pour se rendre compte que son père était pêcheur, son grand-père aussi, son arrière-grand-père également et ainsi de suite. Auparavant, on pouvait observer la même chose au Québec ou peu de choix de vie s’offraient à nos arrières grands-parents ou mêmes à nos grands-parents: peu de possibilités quant au choix de carrière, on se mariait jeune, on avait des enfants, etc. Le fonctionnement de notre société a maintenant changé. Les différents changements, cette évolution, placent également les individus devant un plus grand nombre de choix à faire. C’est passer d’un monde où on survie, à un monde où on choisit.
Dans le monde où on vit actuellement, nous avons donc «la chance» d’avoir plusieurs opportunités différentes, de choisir des chemins différents, la chance de faire des choix! Cette chance qui… pourrait s’avérer ne pas en être une!
Dans ma pratique professionnelle comme psychologue mais aussi dans ma vie personnelle, il ne m’est pas rare de rencontrer des individus qui sont aux prises avec le choix, perdus dans l’ambivalence. Barry Schawrtz, psychologue a écrit un livre à ce sujet: Le paradoxe du choix. Il discute de l’univers dans lequel on vit, de l’effet pervers de l’abondance de choix et de son lien avec les difficultés psychologiques que certains peuvent éprouver. Il décline son propos en trois effets majeurs créés par cette abondance de choix. Il nomme d’abord la paralysie que peut provoquer un trop grand nombre de possibilités. Ensuite, il aborde la plus grande chance d’être insatisfait de son choix étant donné qu’on peut le comparer à un ensemble de possibilités qui auraient pu être choisies et le troisième qui est l’escalade des attentes qui se résumerait par le fait que si j’ai autant d’options devant moi, l’une d’entre elles devrait être parfaite. Le psychologue résume également son propos dans un TED TALK que vous pouvez consulter ici: https://www.ted.com/talks/barry_schwartz_on_the_paradox_of_choice.
Plusieurs individus de différents horizons ont tenté de résoudre le problème découlant des choix à faire, de proposer une solution qui aiderait à calmer l’angoisse qu’on peut ressentir devant l’absence de réponse. On passe de propositions plus farfelues, à des propositions ésotériques, à des propositions plus scientifiques. Je me rappelle d’une petite boule (la Magic 8 ball) qui répondait à toutes nos questions seulement après l’avoir secouée. Des applications pour les téléphones mobiles sont maintenant disponibles pour aider à faire des choix. On peut aussi penser aux voyantes et autres qui tentent de répondre aux indécisions face à l’avenir. Des outils plus sérieux ont également été développés pour nous aider à prendre des décisions. Isabelle Falardeau, psychologue et conseillère d’orientation, a écrit un ouvrage sur le sujet: Sortir de l’indécision. Elle y propose des outils et des pistes de réflexion intéressantes. Notamment, elle y aborde quatre peurs principales qui peuvent nous maintenir dans l’inaction, dans une paralysie par rapport aux choix à faire.
Je suis certaine que plusieurs d’entre nous (pour ne pas dire nous tous!), ont été confrontés à cette peur de se tromper, de prendre une mauvaise décision, de choisir le mauvais chemin. L’auteure du livre mentionne que cette crainte est souvent observée chez les perfectionnistes qui peuvent avoir tendance à croire qu’il existe une seule et unique bonne solution! La vérité, c’est que plusieurs choix peuvent être bons, tout dépendamment du contexte. Même en sachant que plusieurs chemins sont possibles, la pression à faire les bons choix demeure difficile. En ce sens, je vous invite à consulter la publication de ma collègue Jacinthe Lemelin intitulée Le perfectionnisme: un avantage ou un inconvénient?. Elle y donne des astuces pour vaincre le perfectionnisme malsain qui peut assurément être observé chez certaines personnes qui sont paralysées par la peur de se tromper en faisant un choix.
Parfois, cette peur peut être si intense qu’elle nous empêche de prendre des risques et ainsi, nous empêche d’avancer. Il est nécessaire de garder à l’esprit que TOUT le monde fait des erreurs et vit des échecs. Il est difficile d’adopter cette vision après une mauvaise décision ou un échec, mais ces situations sont souvent bien utiles pour apprendre et se développer personnellement.
Lorsque l’on prend une décision, il est impossible de connaitre l’ensemble des impacts que celle-ci aura dans l’avenir. Isabelle Falardeau mentionne que “décider, c’est à la fois prendre du pouvoir sur sa vie tout en acceptant de perdre momentanément le contrôle sur les événements à venir”.
Chaque individu accorde une importance plus ou moins grande au regard extérieur et à l’opinion de l’autre. Certains en arrivent même à être contraints par ce regard et à lui attribuer davantage de valeur qu’à leur propre vision. Il s’avère toutefois que faire des choix ou prendre des décisions impliquent dans certaines situations de déplaire aux autres. Il faut se rappeler qu’il est impossible de correspondre aux attentes de tout le monde! C’est donc important de prioriser nos attentes internes plutôt que les attentes externes.
Il peut donc être intéressant de réfléchir et de prendre conscience de la peur ou des peurs qui vous habitent pour être davantage en mesure de les affronter dans un contexte de choix!
Dans la même lignée, soit celle d’améliorer notre conscience de soi par rapport à notre façon de faire des choix ou de prendre des décisions, Nadine Sciacca propose dans son livre trois profils de «décideurs». Ainsi, pour vous permettre de vous connaitre encore mieux dans un contexte de choix, voici une courte définition de chacun des types et en prime, certains trucs qui pourraient s’avérer être pratiques!
C’est qui? Trois types de comportement peuvent être observés chez le décideur évitant. Le statut quo, la procrastination ou encore la délégation à autrui. En étant passif, en repoussant ou en octroyant à autrui le pouvoir de faire les choix, le décideur évitant ne développe pas l’autonomie et la confiance nécessaire pour les choix éventuels.
Des conseils? Le décideur évitant doit se souvenir et se confronter constamment à l’idée que de ne pas prendre de décision peut avoir des conséquences à la fois de façon concrète et identitaire (confiance en soi, sentiment de pouvoir sur sa vie, etc.). Il doit également s’accorder le droit à l’erreur qui elle, permet ultimement le développement personnel.
C’est qui? Le décideur hypercontrôlant essaie d’avoir un portrait exhaustif (avoir tous les avis, toute l’information disponible, etc.) d’une situation avant de prendre une décision. Il a également tendance à vouloir tout décider soi-même. Malheureusement, cette stratégie qui vise à préserver le contrôle peut avoir l’effet inverse! En effet, le décideur hypercontrôlant peut devenir très anxieux dans les contextes dans lesquels il se retrouve impuissant. Cette stratégie peut également nuire aux relations interpersonnelles du décideur hypercontrôlant.
Des conseils? L’auteure suggère la pratique du lâcher-prise et encourage ce type de décideur à déléguer davantage. Elle suggère également des trucs concrets comme se fixer des limites raisonnables quant à la recherche d’informations (nombres d’avis, information), accepter le risque d’erreur et laisser une place à l’entourage.
C’est qui? À l’opposé du décideur hypercontrôlant, le décideur impulsif va choisir rapidement en esquivant l’étape de l’analyse, de la réflexion et de la recherche d’avis extérieurs. Il est souvent difficile pour le décideur impulsif de tolérer l’angoisse ressentie devant la prise de décision.
Des conseils? Le décideur impulsif devrait apprendre à se laisser du temps, à prendre un recul. Pour ce faire, il est nécessaire d’accueillir les émotions difficiles qui accompagnent l’attente et tenter de les apprivoiser. Sciacca donne des trucs plus concrets comme se fixer un temps d’attente, s’exiger d’avoir un minimum de deux avis avant de prendre une décision, retarder la mise en action, etc.
J’espère maintenant que vous connaissez mieux votre profil de décideur qui est souvent relié aux différentes craintes que l’on peut éprouver par rapport aux choix qui s’offrent à nous. Il n’en demeure pas moins que le fait de faire un choix est souvent difficile…
Je terminerais avec la citation d’une artiste que j’affectionne particulièrement:
Malgré moi
Puis aussi malgré vous
Et malgré la vie
J’ai choisi
De choisir
– DUVAL 1
Stéphanie Landry est une psychologue à la clinique Connecte Groupe de psychologie de Montréal. L’équipe de Connecte aime bien écrire sur les diverses façons d’améliorer notre santé mentale et inclure la psychologie dans notre vie quotidienne. Pour plus de conseils utiles, consultez les blogues de Connecte, les baladodiffusions, suivez-nous sur Instagram @connectepsychology ou aimez notre page sur Facebook.
Falardeau, I. (2007). Sortir de l’indécision. Canada: Septembre éditeur.
Schwartz, B. (2009). Le paradoxe du choix: Et si la culture de l’abondance nous éloignait du bonheur?
Schwartz, B. (2004). The Paradox of Choice: Why more is less.
Schwartz, B. (2005). Barry Schwartz: The paradox of choice Repéré à https://www.ted.com/talks/barry_schwartz_on_the_paradox_of_choice
Sciacca, N. (2016). Comment prendre de bonnes décisions.
1Pour voir son travail: @duval.art sur Instagram et DUVAL Art sur Facebook