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photo par : fritzlib

Les restrictions alimentaires

29 février, 2024
Judith Perrault, M.Sc., Dt.P, Diététiste-Nutritionniste

Les diètes et restrictions alimentaires… Tout le monde en parle, on a tous déjà côtoyé une collègue qui ne mange pas de « P » car elle fait attention ou encore un entraîneur au gym ne jurant que par le jeûne intermittent. Banal tout ça ?

Pas vraiment considérant que les diètes et restrictions alimentaires peuvent contribuer au développement de troubles alimentaires[i].

Lorsque les préoccupations envers le poids, le corps ou la silhouette sont élevées cela a des répercussions sur les comportements alimentaires. En effet, ce désir de contrôler le poids passe souvent par l’adoption de restrictions alimentaires.

On qualifie de restriction alimentaire lorsqu’on restreint la consommation de certains aliments ou contrôle ses choix pour perdre du poids ou tenter de prévenir un gain de poids.

Il existe deux formes de restrictions soit : la restriction énergétique et la restriction cognitive.

La restriction énergétique concerne la réduction de l’apport calorique pour contrôler son poids. Il s’agit donc de l’évitement réel de certains aliments.

La restriction cognitive quant à elle, se définit plutôt par une intention de contrôler son alimentation. Elle se caractérise par des pensées de contrôle envers son alimentation telles que des règles alimentaires, des croyances rigides et des interdictions. 

À moyen et à long terme, les restrictions alimentaires peuvent être suivies de perte de contrôle (compulsions alimentaires). Ces pertes de contrôle engendrent de la grande culpabilité et de la détresse. L’envie de se restreindre à nouveau s’ensuit et le cercle vicieux s’installe.

Plusieurs études se sont penchées sur les effets de la restriction sur les comportements alimentaires. L’étude de Herman et Mack[ii] a démontré ce cercle vicieux de la restriction et surconsommation. Lors de cette étude, deux groupes de participants (un groupe à la diète et un autre non restreint) ont été soumis à un « faux test de goût ». Il leur a été servis pour débuter des milkshakes (zéro à deux), puis les participants pouvaient ensuite manger de la crème glacée à volonté. Il a été constaté que les personnes non-restreintes mangeaient simplement jusqu’à ce qu’elles soient rassasiées, tandis que les personnes à la diète, qui avaient déjà bu un ou deux milkshakes (donc avaient déjà brisées leur règle d’aliments interdits) ressentaient une forme de « désinhibition » et mangeaient davantage de crème glacée, on peut faire référence ici à l’effet « what the hell » ou la pensée « tout ou rien ».

Cela soutient la théorie que les diètes restrictives peuvent déclencher des réactions psychologiques et physiologiques qui augmentent le risque de consommation excessive lorsque la nourriture devient disponible. Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une question de volonté ou de détermination, mais bien de réactions inévitables du corps.

En tant que nutritionniste, dans ma pratique, je suis témoin à chaque jour, et ce, plusieurs fois par jour, des conséquences néfastes des restrictions alimentaires et des diètes.

Les restrictions strictes, inflexibles et extrêmes (multiples règles alimentaires qui devient exigeant à suivre) comportent des risques réels qui peuvent être sévères [iii], tels que :

–       Un trouble clinique de l’alimentation tel que l’anorexie nerveuse, la boulimie, l’hyperphagie boulimique ou d’autres troubles alimentaires non spécifiés.

–       Ostéoporose ou ostéopénie : réduction de la densité osseuse provoquée par une carence nutritionnelle spécifique

–       Fatigue et mauvaise qualité du sommeil

–       Problèmes gastro-intestinaux tels que constipation et/ou diarrhée

–       Maux de tête

–       Crampes musculaires

–       Sentiments de honte, de culpabilité et faible estime de soi

–       Symptômes et comportements dépressifs ou anxieux

–       Problèmes nutritionnels et métaboliques

Si l’alimentation est source d’anxiété et que les pensées envers l’alimentation occupent une place excessive, il peut être aidant d’aller chercher du soutien. Un.e professionnel.le. spécialisé.e tels qu’un.e nutritionniste ou psychologue spécialisé.e dans le domaine des troubles alimentaires est le premier pas vers votre rétablissement pour retrouver une flexibilité alimentaire et manger normalement.

références

[i] Hilbert, A., Pike, K. M., Goldschmidt, A. B., Wilfley, D. E., Fairburn, C. G., Dohm, F. A., Walsh, B. T., & Striegel Weissman, R. (2014). Risk factors across the eating disorders. Psychiatry research, 220(1-2), 500–506. https://doi.org/10.1016/j.psychres.2014.05.054

[ii] Herman, C. P., & Mack, D. (1975). Restrained and unrestrained eating. Journal of Personality, 43(4), 647–660. https://doi.org/10.1111/j.1467-6494.1975.tb00727.x

[iii] National Eating Disorders Collaboration. Disordered Eating & Dieting.  https://nedc.com.au/eating-disorders/eating-disorders-explained/disordered-eating-and-dieting#:~:text=Dieting%20is%20one%20of%20the%20strongest%20predictors%20for%20the%20development,poor%20mental%20and%20physical%20health.

 

 

 

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