24 mars, 2023
Dre Adrianne Pauzé, psychologue clinicienne
Une psychothérapie est, par définition, une démarche visant un changement. Il peut s’agir de modifier des habitudes de vie ou des comportements, de mieux gérer certaines situations difficiles, de diminuer des émotions désagréables, d’améliorer ses relations interpersonnelles, d’être plus fonctionnel au quotidien, de mieux se comprendre, etc.
Bien que l’on soit convaincu de la nécessité de changer (ou que quelqu’un de notre entourage change!), le processus est plus complexe qu’il n’y parait.
Mon rôle de psychologue est d’accompagner les clients dans leur démarche de changement, notamment en les aidant à identifier et surmonter les inévitables obstacles. Voici 3 obstacles fréquemment rencontrés.
« Je me sens constamment anxieux, mais je ne comprends pas pourquoi et je ne sais pas quoi faire pour aller mieux, peu importe ce que j’essaie. »
C’est vrai qu’il est parfois difficile de cerner la problématique dans son ensemble, d’évaluer où on se situe dans cette problématique, de déterminer les facteurs de maintien, et d’avoir les compétences et les connaissances pour articuler un plan d’action réaliste et spécifique à nos besoins.
Quand on y pense, les psychothérapeutes ont étudié PLUSIEURS années afin d’apprendre à élaborer une compréhension clinique et à formuler des recommandations lors de l’évaluation des clients! Lorsqu’on se sent perdu, c’est une bonne idée de demander de l’aide afin d’y voir plus clair!
L’ambivalence, c’est à la fois vouloir et ne pas vouloir changer. Cela signifie que bien que notre situation actuelle comporte des inconvénients et que le changement semble attrayant, il y a certains avantages à demeurer comme on est (statu quo) et il y a des inconvénients à changer.
Ces avantages peuvent prendre la forme d’une impression de contrôle ou de sécurité à court terme, d’une attention positive de nos proches, d’avoir accès à certains emplois, etc. De plus, la peur d’être moins heureux, le fait de devoir passer par un processus de changement désagréable à court terme, l’inconnu, le deuil d’une partie de soi, sont autant d’éléments qui peuvent freiner notre motivation.
L’ambivalence implique aussi un manque confiance qu’on peut changer ou que ça peut s’améliorer. Soit qu’on a la conviction que c’est impossible et que c’est hors de notre contrôle, ou alors que la confiance en ses propres capacités à changer s’est effritée au fil des expériences. Difficile de se mobiliser dans de telles conditions!
Admettre que l’ambivalence est présente (et même tout à fait normale) permet de l’explorer sans jugement, et de dénouer tout doucement les enjeux rencontrés.
Changer demande du temps, des efforts, de l’attention. Cela est d’autant plus vrai pour les problématiques ancrées depuis longtemps, ou qui se manifestent dans plusieurs sphères de vie. Même avec une excellente compréhension et une motivation élevée, il est si facile de retomber dans ses vieilles pantoufles sans même s’en rendre compte lorsque l’on est dans notre quotidien!
Se réserver du temps, utiliser des rappels, solliciter le soutien des proches, délaisser certaines activités moins prioritaires, cibler des petits objectifs réalistes, faire régulièrement des bilans sont des exemples favorisant une démarche de changement.
Je vous suggère d’être bienveillant envers vous (et envers vos proches) dans leur démarche de changement! Et n’hésitez pas à explorer les obstacles au changement : c’est la première étape pour les surmonter!
Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines, LQ 2009, c 28.
Rubinfield, Alyssa (2021). I Want To Change….I Think!? A Brief Exploration of Ambivalence.
Westra, H. A. (2012). Motivational interviewing in the treatment of anxiety. Guilford Press.